04 Août 2016. Thème. Dialogue politique inter congolais : Enjeux, Défis et Perspectives. Animateur principal: Prof Mathieu Kalele, Modérateur: Prof. Obadée Kibanda Matungila, Intervenant: Prof. Felly Kabamba, Lieu: Bureaux de l’ICREDES.

IMG-20170317-WA0000[1]

Pour lui, toute réflexion pour la transformation de la RD Congo doit se fixer aussi comme ambition de changer l’Afrique. Parmi les grandes lignes de sa conférence le Professeur KALELE a commencé par identifier les protagonistes en présence. Pour lui, le Président KABILA est le principal acteur du conflit actuel. Et ce conflit tourne autour de la Constitution de la République votée par référendum et promulguée par le Président de la République le 18 février 2006 avec l’engagement de la faire respecter sous risque de haute trahison.

A la source du conflit, il y a la volonté de violer les dispositions verrouillées dans l’article 220 de la Constitution sur la durée de mandats présidentiels limités à deux de 5 ans chacun et l’impossibilité de se représenter pour le président sortant qui se retrouve dans ce cas. Mais pour se maintenir au pouvoir, deux stratégies ont été déployées sur le plan chronologique. Il y a eu d’abord la publication de l’ouvrage du Professeur BOSHAB présenté par le professeur Nyabirungu et financé par le gouvernement. Ce livre soutenait la thèse suivante : sans modification de la Constitution, la RDC va mourir. L’objectif poursuivi visait la modification de l’Article 220. Dans le même ordre d’idées, l’ouvrage Plaidoirie pour la 4ème République de KAMBILA proposait l’élaboration d’une autre Constitution pour la RDC. Un autre ouvrage publié par Monsieur MASHALA abondé dans le même sens.

L’interprétation de la Cour Constitutionnelle sur la gestion de la transition en cas de la non tenue dans les délais constitutionnels des élections procède des mêmes stratégies.

Enfin la démarche de la CENI destiné à réinscrire l’ensemble de  l’électorat en 16 mois relève de la même logique.

Après l’échec des coups de force pour changer la Constitution, il est question à présent d’obtenir la prolongation du mandat présidentiel par un consensus national : c’est l’objectif du Dialogue politique congolais envisagé à la lumière des stratégies de maintenir au pouvoir les dirigeants actuels.

Il importe également de faire état de la Conférence des chefs Coutumiers et Rois de l’Afrique à la même préoccupation.

S’agissant de contre stratégies de l’opposition anti-dialogue, celles-ci ont évolué à différentes étapes pour converger finalement autour de la nécessité de la constitution d’une union forte  par la formation des plates-formes, des mégas plates-formes des partis et enfin par la création du Rassemblement.

Ces plates-formes partagent le même crédo, celui du respect strict de la Constitution en refusant la prolongation du mandat présidentiel actuel ou la sollicitation d’un autre mandat, sans oublier la tenue des élections dans les délais prévus et dans les conditions de transparence.

Quant au facilitateur, le Rassemblement ne veut pas d’un facilitateur qui agit seul ; d’où l’idée de transformer le groupe international de soutien au dialogue en un panel censé exercer un contrôle réciproque des uns sur les autres.

De ce point de vue, l’opposition considère que Mr Edem Kodjo n’est  pas un arbitre impartial. Les faits ont confirmé les soupçons dans la mesure où il était convenu à la rencontre de Paris que Mr Edem Kodjo ne prenne pas de décision seul.

Les autres points concernaient l’assainissement du climat politique moyennant notamment la libéralisation de l’accès aux médias et leur fonctionnement, la libération des prisonniers politiques et la tenue des élections apaisées.  Malheureusement, le 16 juillet 2016, au moment où l’opposition était engagée dans des préparatifs intenses pour accueillir le Président Tshisekedi, le Facilitateur Mr Edem Kodjo écrit au Rassemblement pour lui demander la liste de ses membres au comité préparatoire. Ce comportement a eu comme conséquence la récusation du facilitateur par l’opposition qui réaffirme avec force que modifier la Constitution va déboucher sur une crise majeure.

Que faire ? La décision au niveau du Rassemblement, c’est que la lutte pour le respect de la Constitution doit continuer malgré les informations faisant état des préparatifs par  le pouvoir en place de la programmation d’un recours à la force.

L’histoire renseigne un même schéma en pareille circonstance : devant la détermination du peuple, toute dictature cède ou recule.

Quant au second conférencier, il a articulé son propos en trois points : le contexte du dialogue politique ; l’opportunité du dialogue et la nécessaire médiation de l’Union Africaine.

Pour ce qui est du contexte, il a rappelé les leçons du passé, les crises pré et postélectorales liées à l’alternance dans la fonction présidentielle et qui  ont conduit les rédacteurs de l’actuelle Constitution à verrouiller la durée et le nombre de mandats de ceux qui sont appelés à exercer cette fonction.

L’élection a été retenue comme le canal d’alternance politique privilégié. Mais devant les contraintes de différents ordres qui rendent impossible l’organisation des élections dans le délai constitutionnel, le dialogue politique devient une opportunité pour éviter : la délégitimation des institutions, la liquéfaction totale et complète de l’Etat, l’accélération de la violence au risque de la transformer en mode de règlement des problèmes politiques. Aussi le dialogue apparaît-il comme un processus de conciliation des points de vue des protagonistes. Il offre différentes options à savoir.

La première consisterait  à organiser les élections dans 5 mois qui restent sur base de l’ancien fichier électoral en excluant 17 millions de nouveaux majeurs et des congolais de la Diaspora.

Une telle élection n’est possible que pour la présidentielle dans la mesure où le nombre des candidats est limité et cela pour un scrutin à un tour. Deuxième option, reporter les élections de 1 à 3 mois.

Troisième option, reporter les élections de 16 mois afin d’actualiser le fichier électoral et mobiliser les ressources nécessaires à l’organisation de ces élections. Refondre complètement le fichier électoral. Restructurer la CENI, en vue d’une meilleure neutralité de cette institution d’appui à la démocratie.

Il y a des questions liées à une telle hypothèse en ce qui concerne les différentes implications au niveau de l’Article 73 de la Constitution par rapport à la nouvelle équipe.

En cas du report des élections, la question de la personnalité habilitée gérer la transition sera encore soulevée ainsi que le sort du gouvernement malgré l’arrêt de la Cour Constitutionnelle.

Il va sans dire que l’agitation actuelle de la classe politique et d’autres acteurs de la société civile autour du dialogue congolais rappelle d’autres contextes où le congolais se sont bassement habitués au partage du gâteau-Congo.

Par rapport à la médiation de l’Union africaine, le Professeur KABAMBA met cette initiative en relation avec respectivement les propositions de l’Organisation Internationale de la Francophonie, les analyses de la MONUSCO sur la nature et les acteurs en conflit en RDC ainsi que sa capacité institutionnelle  à gérer pacifiquement cette crise.

Il apparaît clairement que Kabila et Tshisekedi sont les principaux acteurs en conflit.

La société civile est le troisième acteur du conflit. La question que l’on  peut logiquement se pose c’est celle de savoir si le 3ème acteur au conflit, la société  civile, en devenant membre du comité préparatoire du dialogue accroit ou atténue les risques du conflit.

Les deux exposés ont été suivis d’un débat de qualité fort animé et empreint surtout de réflexions et des contributions axées au tant sur les enjeux que sur les défis et à inscrire dans une double perspective à la fois historique/structurelle et anhistorique/conjoncturelle, dont entre autres : (i) le regrettable constat de la crise du processus de la formation historique de l’État congolais depuis 1885, de son enracinement sociale et de sa gouvernance démocratique en tant qu’outil institutionnel au service des intérêts du peuple ; (ii) le fait que si cette crise demeure irrésolue jusqu’ici c’est par la faute de la classe politique congolaise en complicité avec les forces hégémoniques externes ; (iii) l’attachement à la sacralisation de la Constitution en tant que contrat social qui fonde une vie commune pour un avenir commun ; (iv) le regret d’observer l’indifférence des intellectuels que nous sommes ou que nous prétendons être vis-à-vis des préoccupations majeures de la population, indifférence qui frise la trahison ; (v) la déception d’assister à la gesticulation et à l’agitation actuelles et habituelles autour d’un événement comme le dialogue, toutes choses  qui cache les appétits matériels de leurs auteurs ; (vi) la foi en seul engagement à prendre : celui de voir l’enjeu de L’ALTERNANCE culminé une fois pour toute dans la conquête d’une seule alternative, celle d’un réel et véritable AGGIORNEMENTO  démo-politique et stato-institutionnel.

Le service des Programmes

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *