Le 25 Octobre 2017. Thème:Quelle culture de la paix pour quel développement en RDC ?Animateur: Prof. François MUKOKA NSENDA, Intervenant: Prof. André YOKA LYE M., Lieu: Bureaux de l’ICREDES

Au tableau de chasse de l’ICREDES, lors de son Forum organisé le mercredi 25 octobre 2017, figurait comme conférencier le Prof André YOKA LYE M., Directeur général de l’INA, à la fois Homme de lettres, de musicologie, de culture et des arts.

Son intervention aux allures d’une interpellation, était articulée autour de quatre questionnements suivants : 1) Congo et congolais qui sommes-nous aujourd’hui ? 2) quelle portée et quelle nature affiche la culture congolaise ? 3) pour quelle culture de la paix en Afrique et en RD Congo ? 4) quelle paix pour quel développement ?

À titre de réponses à ces questions, il s’est employé à esquisser les éléments que voici :

  • S’agissant du premier questionnement 

La RDC est perçue à la fois comme une boîte de Pandore, un laboratoire du pire et du meilleur et un pays qui continue à vivre toutes sortes de paradoxes, comme ceux de la résilience et de la résistance de son peuple dont la trame est bien connue, du syndrome de l’orphelin, avec ses enfants soldats, ses enfants sorciers, ses enfants de la rue, ses enfants de cœur, ses enfants prodigues et ses enfants prodiges.

  • Concernant le deuxième questionnement 

La culture constitue en elle-même la première ressource du développement et de la paix en tant qu’elle est créatrice du Bien, du Beau et du Vrai dont du reste elle constitue le germe et l’énergie. La culture congolaise demeure fondée sur quelques piliers essentiels : celui du métissage ou du vouloir vivre ensemble, celui du nomadisme ou de la mobilité constructive et celui de l’informel et de l’inventivité à l’aune de la débrouillardise et du libanguisme.

  • Par rapport au troisième questionnement 

Le concept de culture de la paix est né en 1989 à YAMOUSSOUKRO en Côte d’Ivoire. C’est avec l’ère des Conférences Nationales Souveraines en Afrique que l’on a vu se multiplier les initiatives de paix, cela dès le début de l’année 2000.

Au Forum de Luanda, organisé du 26 au 28 mars 2013, un certain nombre de résolutions furent adoptées au titre de Plan d’action, sans oublier la création du Mouvement Panafricain pour la Culture de la Paix.

En RDC, la dynamique pour la paix a été l’œuvre de la société civile particulièrement à l’Est, dynamique qui mérite d’être doublement renforcée moyennant les ressorts de la loi, de la démocratie ainsi que du devoir de mémoire.

  • Relativement au dernier questionnement

Parler de la paix pour le développement revient à attester la synonymie de ces deux réalités, le développement étant le nouveau nom de la paix.

L’une et l’autre participent d’une ascèse qui vise la plénitude et l’élévation matérielle et spirituelle de l’humain, c’est-à-dire de tout homme et tout l’homme.

Pour conclure son propos, et toujours fidèle à sa logique interpellatoire, le conférencier se pose l’ultime question : il est donc temps de se demander si les fondamentaux de toute cette quête identitaire, de toute cette quête de la paix tels qu’ils fonctionnent actuellement vont de pair avec le défi et la conquête du développement endogène et durable.

Parmi les commentaires édifiants de l’auditoire qui ont contribué à enrichissant de cet exposé de haute qualité intellectuelle, il y a lieu de faire état de ceux concernant respectivement :

  • l’exercice de dilution ou de tamisage du discours globalisant tenu par le conférencier, en dialectisant davantage la paix et le développement, quand on sait que la paix implique un processus de basse tension tandis que le développement suppose un processus de haute tension. En tout état de cause cependant, l’esprit de réalisme incite à y mettre une bémol dans la mesure, face à l’enjeu de l’équilibre des puissances, la dissuasion demeure quelque chose d’instable de sorte que, des de fois là où la guerre s’avère utile, la paix s’avère indésirable ou indésirée.
  • la diversité culturelle étant une richesse, toute action ou toute politique publique qui va à l’encontre de cette diversité constitue un facteur d’appauvrissement et donc quelque chose à combattre ;
  • pour ce qui est du rôle et de la place de l’informel, l’assistance a reconnu que l’informel répond à sa ligne propre qui n’est pas celle du capital et qu’il est bon de ne pas idéaliser l’informel encore moins de l’ériger au rang d’un paradigme ;
  • en ce qui concerne enfin le sort de la RDC, il a été admis que le Congo ressemble à un vaste chantier d’une maison dont l’essentiel des matériaux nécessaires existe. Ce qui fondamentalement fait défaut c’est la capacité de prendre en compte la volonté du peuple, propriétaire de la maison en chantier. La voie de sortie postule, en définitive une complicité positive entre le propriétaire de la maison, le bon architecte et le bon ingénieur chargés du chantier.

Pour l’ICREDES,

Le service des Programmes

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *